Archive for 26 Novembro, 2011
“Le cinquième suicide européen”
[…] Aujourd’hui, c’est à nouveau au tour de l’Allemagne de tenir dans sa main l’arme du suicide collectif du continent le plus avancé du monde. Si elle refuse d’accepter la voie étroite qui passe par le rachat par la BCE des obligations arrivées à maturité, suivi de l’émission d’une dette souveraine européenne, remboursée par deux points de TVA européenne, et d’une réforme des traités permettant de mieux contrôler les laxismes des uns et les égoïsmes des autres, la catastrophe aura lieu.
Pour que Berlin ne soit pas, une fois de plus, responsable d’un suicide européen, l’Allemagne doit sortir de quatre illusions.
1. Elle n’est pas le bon élève de l’Union, qui refuse de payer pour les erreurs des autres. Sa dette publique est de 82 % du PIB, pratiquement équivalente à la dette française ; 10 de ses banques, toutes publiques, qui fournissent 20 % des crédits au secteur non financier allemand, sont en très mauvaise situation. Sa consommation d’énergie dépendra de plus en plus du gaz russe, qui représente 37 % de ses importations. Sa démographie est catastrophique, au point que, en 2060, il y aura moins d’Allemands que de Français et que 44 % d’entre eux auront plus de 65 ans, contre seulement 35 % de nos compatriotes, ce qui rendra particulièrement difficile le remboursement de la dette publique outre-Rhin. Enfin, l’avenir de son industrie n’est pas aussi prometteur que le croit l’Allemagne : selon une récente étude anglaise, sur les 100 entreprises les plus innovantes du monde, 11 sont françaises et seulement 4, allemandes.
2. Elle est le premier bénéficiaire de l’Union européenne, qui a financé en partie sa réunification et lui a permis de gagner près de 15 points de part de marché à l’intérieur de la zone euro, et de devenir le premier pays exportateur de produits agroalimen-taires en recrutant des salariés d’Europe de l’Est au tarif de leur pays d’origine, ce que la France ne veut et ne peut faire.
3. Elle a tout à perdre à sortir de la zone euro, car cela ruinerait son système bancaire et lui coûterait, selon une étude suisse, de 20 à 25 % de son PIB la première année, et la moitié du reste chacune des années suivantes.
4. Elle croit, à tort, qu’un soutien provisoire de la BCE à la liquidité des banques et des Etats européens entraînerait une inflation massive, qui ruinerait ses vieux, majoritaires, alors qu’il ne peut y avoir d’inflation massive quand le chômage est aussi élevé et quand la financiarisation de l’économie freine la transmission de la monnaie vers l’économie réelle.